«La vérité a toujours besoin d’être défendue». Déclaration du Centre arménien pour la prévention des génocides

Déclaration du

Centre arménien pour la prévention des génocides

«La vérité a toujours besoin d’être défendue»

Ces derniers temps est paru tout un lot de publications concernant les relations entre l’Arménie et Israël  et, dans un contexte plus large, – les relations entre arméniens et juifs. Parmi les questions soumises à réflexion deux d’entre elles, d’importance plus particulière, se détachent .

La première – concernant la tragédie des arméniens au début du XXe siècle -, l’humanité en a  été informée grâce à des personnalités du monde associatif et politique de nationalité juive.

La seconde – l’exigence constante des arméniens pour que soit reconnu le Génocide des arméniens par l’Etat d’Israël ne reçoit pas son aval. Or le Génocide des juifs n’a pas fait l’objet d’une reconnaissance de la part des différents pays du monde.

La clarification de ces deux questions s’avère importante pour effacer les malentendus dans les rapports entre les deux peuples victimes d’un mécanisme génocidaire  d’Etat , testé  pour la première fois au début du XXe siècle sur le territoire de l’Empire ottoman au nom de l’idéologie du panturkisme.

VIDEO (en arménien) – Ashot Manucharyan: «Le sionisme sous le masque du pan-turcisme». La nécessité de mesures immédiates) Partie n ° 1

Աշոտ Մանուչարյան. «Սիոնիզմը պանթուրքիզմի դիմակով » (անհապաղ քայլեր) 

ՄԱՍ № 1

 

Concernant la première question, il convient de remarquer que les arméniens ressentent  profond respect et gratitude envers tous ceux qui se sont exprimés concernant  l’inadmissibilité des crimes contre l’humanité et en particulier des actions génocidaires. C’est pourquoi, les personnalités du monde associatif et politique de nationalité juive, éclairant la problématique du Génocide des arméniens au sein de l’Empire ottoman, jouissent d’une autorité et d’un respect absolus au sein des milieux arméniens.

Concernant la seconde question, tout devient beaucoup plus compliqué. Les arméniens exigent  avec insistance de l’Etat d’Israël la reconnaissance du Génocide des arméniens afin de prévenir les actions destructrices de différents centres sionistes concernant la question de la reconnaissance  du Génocide des arméniens et conséquemment la reconnaissance du Génocide des assyriens, des grecs et autres peuples autochtones peuplant l’Asie Mineure et le Proche-Orient. En ce qui concerne leurs actions destructives, Ils invoquent les intérêts nationaux de l’Etat d’Israël et les intérêts nationaux de toute la communauté juive. La Ligue anti-diffamatrice américaine est très active dans ce domaine avec d’ autres centres qui, à travers le monde, torpillent le processus de reconnaissance du Génocide des arméniens de l’Empire ottoman et sponsorisent également des actions anti-arméniennes diversifiées. Il y a à cela de profonds motifs.

VIDEO (en arménien) – Ashot Manucharyan: «Le sionisme sous le masque du pan-turcisme». La nécessité de mesures immédiates) Partie n ° 2

Աշոտ Մանուչարյան. «Սիոնիզմը պանթուրքիզմի դիմակով » (անհապաղ քայլեր) 

ՄԱՍ № 2

 

Il a fallu des millénaires pour que se forme, se perfectionne et s’étende l’un des instruments les plus importants garantissant l’existence, l’intégrité et le développement de la civilisation humaine – le Communicateur -, localisé en Asie Mineure et au Proche-Orient. Apparu dans la région d’où ont émergé des cultures très anciennes comme résultat de leurs interactions dans pratiquement toutes les sphères de la vie (religion, coutumes, organes de gouvernance, art, métiers, flux des marchandises…), le Communicateur, déjà à l’aube des temps, représentait un outil particulier organisant la vie, permettant que les acquis  de chacune des communautés deviennent communs à tous et, dans le même temps, les cultures différentes, les civilisations voyaient en l’autre des composantes extrêmement importantes pour l’existence commune.. Même les guerres, les conquêtes (elles ont été plus nombreuses sur le territoire du Communicateur que partout ailleurs), ont causé moins de destructions que d’amélioration des réalisations. Et cela pendant des siècles: le Communicateur progressait, tissant et élargissant le réseau des échanges, d’abord à travers toute l’Eurasie puis vers les autres continents, professant partout la philosophie (mais la réalité aussi) d’une conception commune de la vie à toute l’humanité, conçue sur le territoire de sa génèse.

VIDEO (en arménien) – Ashot Manucharyan: «L’impératif de la fin du sionisme» Partie n ° 3

Աշոտ Մանուչարյան. «Սիոնիզմի վախճանի հրամայականը»

ՄԱՍ № 3

 

Vers la fin du XIXe siècle, l’une des périphéries – l’Occident – en la personne de l’Empire britannique, qui faisait  partie d’un fragment existant d’un système global millénaire «Orient-Occident» et accolé au «Communicateur», a totalement anéanti et pillé l’Orient, l’Inde, la Chine, une partie de l’Iran, le très florissant et riche commerce maritime de l’Océan Indien. Le produit intérieur brut de l’Inde représentait 35%, celui de la Chine 33%, celui de l’Iran allait de 10% à 13%. Pour pérenniser sa supériorité, il fallait éradiquer le Communicateur qui, pendant des millénaires, avait assuré une interaction compliquée, symbiotique et civilisationnelle des périphéries. Plus précisément, le Communicateur mentionné se situait en Asie Mineure, sur le Plateau Arménien et les territoires environnants. La plus grande valeur de ce Communicateur  était constituée par les peuples y vivant et qui l’avaient créé: les arméniens, les assyriens, les grecs et autres peuples autochtones (gardiens du Communicateur), forts de leur patrimoine civilisationnel millénaire. Pour supprimer les gardiens du Communicateur, un mécanisme génocidaire a été élaboré sur le territoire de l’Empire ottoman, inspiré de l’idéologie du panturkisme et calqué sur le sionisme, érigé en système pour faire avancer les intérêts de »l’usure juive» et servir l’Empire britannique.

Au sein de l’Empire ottoman en tant que «commissaires» spéciaux, chargés de répandre les théories du panturkismeet pour construire sur sa base un mécanisme génocidaire figuraient des «juifs-saboteytsi» de Salonique qui se positionnaient  en tant que «secte musulmane», les «demo». Le terrain d’action de ces «commissaires» était concentré  sur l’armée et a  démontré sa véritable efficacité. Dans l’Empire ottoman de nombreux dirigeants « Jeunes turcs « étaient issus  de cette secte et parmi eux l’idéologue des Jeunes turcs – le docteur Nazym – responsable du bloc financier Djavid, etc… On trouve parmi eux des franco-maçons et des sionistes. Pendant la période de la Première Guerre Mondiale,  leur a été envoyé, pour aide et directives, Parvus (Guelfand) qui n’était pas un inconnu et qui ,en Allemagne, mettait au point une couverture idéologique concernant le Génocide des arméniens de l’Empire ottoman. Il a mis en place au sein même de l’Empire ottoman, avec la collaboration d’un certain Frenkel – négociant en bois fort connu dans l’Empire ottoman, – un réseau de camps de concentration destinés aux arméniens pour récupérer leurs biens. Ce genre d’activité était beaucoup plus rentable que le commerce du bois. C’était très apprécié. Après la révolution russe,  Frenkel a été affecé en Russie pour mener une infiltration de taille dans les différentes couches de la population: le clergé, l’aristocratie, les entrepreneurs, et autres…

Il est fort intéressant de voir qu’après la fin de la Première Guerre Mondiale et la signature du traité de paix entre la République Turquie et la Grèce, un échange de populations a eu lieu. La Grèce recevait des grecs orthodoxes de la Cappadoce occidentale et la République Turquie une population musulmane vivant sur le  territoire de la Grèce dont des «musulmans-saboteytsi». Ces sabotytsis se sont eux-même déclarés adeptes du judaïsme et une partie d’entre eux a rejoint l’Allemagne, d’autres la Palestine. Remarquons que parmi les bénéficiaires du Génocide des arméniens, parallèlement aux autres contributeurs, figuraient des saboteytsis.

Les arméniens exigent d’Israël la reconnaissance du Génocide des arméniens de l’Empire ottoman pour qu’aujourd’hui les héritiers de Nazim, Djavid, Parvus, Frenkel et autres fomenteurs de crimes contre l’humanité ne se dissimulent pas derrière les intérêts d’Israël et de toute la judaïté avec leurs sales tentatives d’empêcher l’organisation d’un procès pour les crimes commis. Cela a déjà eu lieu en France en 1919 pendant les séances du tribunal de Versailles qui fut le précurseur du tribunal de Nuremberg après la Deuxième Guerre Mondiale. Lors de ses travaux, le tribunal de Versailles en France, a été le théâtre d’une irruption d’un imposant groupe de parlementaires anglais, de banquiers, d’entrepreneurs et autres groupes d’influence pour obliger la France à refuser la décision de reconnaissance du tribunal. Si la décision du tribunal de Versailles, comme supposé  aurait été reconnue internationalement, il n’y aurait pas eu besoin de tribunal de Nuremberg, il n’y aurait pas eu de crime aussi énorme que  l’a été la Deuxième Guerre mondiale. De fait, à la place du tribunal de Versailles dont la décision n’a pu être validée, une procédure de condamnations a été organisée envers les responsables à différents échelons ayant pris la décision du Génocide des arméniens. Elle a eu pour nom opération «Némésis».

Même si vous  souhaitez oublier le criminel, le criminel, lui, ne vous oublie jamais. Aujourd’hui, le sionisme, n’ayant aucune possibilité affiliée, s’est inscrit de  lui-même dans le processus du génocide des arméniens du Karabagh et, carrément, de l’Arménie. La réactivité de l’Israël sioniste concernant le problème de l’Artsakh (Karabagh) est déterminée par la participation intéressée des sionistes dans sa génèse.  Il y a cent ans de cela, les sionistes pour leur participation active dans l’introduction de l’idéologie panturkiste dans l’Empire ottoman puis à la chute de celui-ci ,ont reçu de la part de l’Empire britannique le droit de peupler le territoire de la Palestine. Mais benéficiant d’un noyau influent de sionistes-bolchéviks parmi les bolchéviks et de sionistes-kémalistes parmi les kémalistes, ils ont eu l’idée de  s’octroyer un bonus supplémentaire sous forme de République Juive sur le territoire de l’actuel Azerbaïdjan d’où sortait le plus important débit de pétrole du monde.  C’est-à-dire, les sionistes avaient l’intention  de contrôler le gisement pétrolier le plus important de l’époque. Ce projet sioniste est connu sous le nom de «Chirvan». Les responsables de ce projet étaient Léon Trotski, Léon Kamenev, Grigori Zinoviev et leur curateur commun, Karl Radek. Pour ce faire, le territoire de la future République Juive a été étendu à l’ouest jusqu’au versant du Petit Caucase y inclus l’Artsakh (le Haut Karabagh et la Plaine du Karabagh).

Il était de première importance d’avoir frontière commune avec la République Turquie où se trouvait, parmi les kémalistes, un important noyau de sionistes-kémalistes. Cela explique les hurlements des sionistes qui tentaient de faire croire que Gareguin Njdé était un intermédiaire des nazis. Même le tribunal soviétique n’a pas pris en compte cette accusation. Les sionistes feraient bien de porter leur attention sur les pages honteuses de leur collaboration avec le régime fasciste jusqu’au dernier jour de son existence. L’activité de Guaréguin Njdé a conduit à l’inéluctabilité de la formation de la République Arménie.

Les sionistes-bolchéviks n’ont pas réussi à établir une frontière terrestre avec la République Turquie, mais cette question sous forme de décision reportée, a été réalisée en soustrayant le Nakhitchévan de l’Arménie. Les entités voisines en la personne de la République Turquie et la République Géorgie ont également été entraînées dans le processus, reporté à plus tard,  de  l’éradication  de la République Arménie en leur octroyant des parties du territoire de l’Arménie. La configuration finale de la République Arménie a pris la forme d’une réserve lorsque cette république, avec population arménienne, est séparée de la partie des teritoires où se trouvent les ressources principales. Une telle configuration de réserve sans ressources essentielles suppose sa stagnation puis son déclin. Plus tard il y a eu changement dans le projet bolchévik obligés de résoudre le problème de leur survie. Dans le cadre d’un tel projet revu, même dans les conditions d’état de réserve, l’Arménie a su devenir une Silicone Valley sur le territoire de l’Union Soviétique.

En 1923 l’Angleterre, par le biais de sa principale compagnie pétrolière, a signé un accord avec la Russie soviétique pour l’achat de pétrole de Bakou à prix coûtant ainsi qu’ un accord renouvelable. Les sionistes-bolcheviks ont, avec insistance et clairement, posé la question de la création d’une République Juive. Comme il fallait s’y attendre, l’Empire britannique a réagi durement devant l’insolente audace de ces chiens d’attache de l’Empire, rétribués sous forme de pillage sur les territoires désignés par l’Empire pour leurs bons services. Cela a conduit à des changements tectoniques dans les rangs des bolchéviks. Léon Trotsky n’a plus été considéré par les bolchéviks comme modérateur majeur (après l’ éviction peu glorieuse de Parvus) vis-à-vis de l’Angleterre (Empire britannique), ce qui a entraîné la défaite des trotskystes.

Aujourd’hui, les sionistes font à nouveau démonstration d’une attention soutenue pour l’Azerbaïdjan, utilisant comme paravent des pourparlers coutumiers pour ventes d’armes. Les panturkistes en la personne de la République Turquie et les sionistes en la personne d’Israël se proposent avec insistance en tant que principal racketteur de l’Asie Mineure et du Proche-Orient. Il peut y avoir  des mésententes de toutes sortes entre l’Israël sioniste et la Turquie panturkiste mais il y a consensus concernant la question arménienne comme onle voit, à l’action, aujourd’hui.

Aujourd’hui en Artsakh les arméniens se battent contre la machine génocidaire de l’Azerbaïdjan, continuateur de la machine génocidaire de l’Empire ottoman et son successeur officiel – la République Turquie. Il y a cent ans de cela, les arméniens ont été victimes de la monstrueuse machine génocidaire de l’Empire ottoman mais, ils ne seront plus jamais dans cette position. En outre, ils sont bien résolus à démonter cette montruosité qui parasite le corps de la civilisation humaine. Nous sommes convaincus, qu’ayant surmonté la peur, la prison du libéralisme, les principes casuistiques du droit international, se joindront à eux tous les hommes d’honneur, tous les peuples qui ne souhaitent pas perdre les valeurs civilisationnelles existantes qu’ils ont accumulées pendant des millénaires.

A la lumière de ce qui vient d’être dit, la requête d’un nouveau tribunal de Versailles – celui de 1920 n’ayant pas abouti – devient une nécessité historique comme le dicte le processus de reconnaissance du Génocide des arméniens en tant que crime au plus haut degré contre l’humanité. Le crime du sionisme ne réside pas seulement dans le fait qu’ il est la courroie de transmission du mécanisme génocidaire-  mais dans le fait que l’Holocauste – en tant que crime contre l’humanité – s’est transformé en mécanisme cynique de racket international. Tout ceci actualise la question du démontage de ce mécanisme génocidaire en question dans le cadre du relancement de l’opération «Némésis».sous une toute autre forme. Cette approche conduira à  rejeter les exécutants affiliés agissant dans les coulisses internationales, obligera les structures des coulisses à agir, ce qui permettra de réaliser leur démontage.

La route renforcera celui qui marche

19.10.2020

Centre arménien pour la prévention des genocides

 

Traduit en français par Béatrice Nazarian

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Soutiennent:

Le Expert international indépendant et centre juridique de réparations et de restitution  (Le Centre international indépendant d’expertise juridique d’enregistrement, d’analyse, d’inventarisation, d’audit, d’évaluation qualimétrique et d’expertise juridique des pertes matérielles et immatérielles dues au Génocide des arméniens en vue de réparations et restitutions)

Le Tribunal permanent des peuples pour le Génocide des arméniens, des grecs, des assyriens, des yézidis, des molokans et autres peuples autochtones

Le Tribunal international public pour les crimes commis par l’Azerbaïdjan

Le Centre scientifique arménien ARMAEN